C'est mon histoire
Je suis autiste ?
C’est quoi autiste ?
Élise : « Maman ! T’as vu le garçon il a comportement étrange, et ce n’est pas la première fois, je voulais jouer avec lui et il ne m’a même pas regardé et il s’est mis à gémir et à se balancer… Pourtant, je ne lui ai rien fait … »
Maman : « Non, tu ne lui as rien fait !!! C’est un garçon, un enfant comme toi ou presque… Allons plutôt voir cet enfant qui semble tout perdu et faisons connaissance… «
Élise : « Bonjour moi c’est Élise.»
Maman : « et moi c’est Emma, la maman d’Élise, comment t’appelles-tu ? »
Younes : « Booonjooour ! Je suis Younes… »
Narrateur : « C’est l’histoire d’un enfant parmi tant d’autres qui est différent par plein de choses en voici une description, en sachant qu’il y a plusieurs catégories d’autisme. Celui de Younes a été diagnostiqué autisme sévère. Je lui laisse vous l’expliquer »
Younes : « Régulièrement, je fais des bruits ou des mouvements qui te semblent étrange, je répète des mots, je joue avec la lumière…
Élise : « Oui, mais pourquoi ? »
Younes : « Si tu savais comme cela me rassure, au moins quelque chose que je connais et que je n’ai pas à partager. Cela m’apaise beaucoup et je ne peux pas m’en passer. Moi, ce que j’aime c’est faire toujours pareil, les mêmes jeux, les mêmes choses, c’est comme cela que je maitrise mon environnement. »
Narrateur : « C’est ce qu’on appelle des stéréotypes, des écholalies… »
Élise : « Oui je comprends mais alors pourquoi tes réactions ne sont pas prévisibles ? »
Younes : « Je n’entends pas tout ce que tu entends… C’est comme si ce que j’entends, ou du moins c’est l’impression que cela peut te donner, arrive de façon inappropriée à mes oreilles, n’importe comment. Les bruits, les sons que j’entends c’est pareil, je les reçois différemment. Un murmure, C’EST DES CRIS, un bruit lointain m’agresse ou me fascine et les cris de tes copains à côté, et ben je ne les entends pas !
Parfois JE CRIE, je fais de GROSSES COLERES quand j’ai l’impression que tu ne me comprends pas ou que ta réponse me frustre trop fort, car elle interdit ou temporise ma demande, la remet à plus tard. »
Narrateur : « l’audition est bien compliquée pour un enfant autiste qui interprète différemment par rapport aux autres enfants »
Élise : « Oui mais pourquoi tu as du mal à échanger, à dialoguer sereinement ? »
Younes : « Pour parler, échanger avec toi ou communiquer, c’est toujours la même chose, il faut qu’on soit en face l’un de l’autre, dans un moment calme et il faut que tu dises des choses simples. »
Élise : « Mais, pourquoi ? »
Younes : « Trop de mots ou des phrases compliquées à plusieurs sens ou des expressions quotidiennes (avoir la tête à l’envers, courir ventre à terre…). Je ne peux pas le comprendre car je m’accroche au sens littéral des mots. Alors ça peut me mettre en colère ou je peux me noyer dans toutes ces paroles et ‘’décrocher’’, rêver, penser à autre chose…
Narrateur : « la communication est le point faible des autistes… »
Élise : « quand je m’approche de toi, tu te recroquevilles ou tu deviens agressif, pourquoi ? »
Younes : « quand je te regarde, parfois je vois des parties de ton visage, le haut, le bas, mais pas toi en entier. Autour de moi, j’ai construit une bulle.
Quand tu es trop près, que tu viens trop vite, c’est comme si tu me faisais mal, sans le faire exprès, et il faut que je me défende. C’est pareil, il ne faut pas me surprendre, il faut me parler, me prévenir, car si tu me touches c’est comme si tu me brulais ! J’essaie d’enlever mon mal en mordant, en me cognant, je vais jusqu’à m’automutiler. Et j’en garde des séquelles psychologiques et physiques.
Narrateur : « comme vous l’aurez compris, c’est sur l’aspect comportemental qui est inadapté à nos codes »
Élise : « je t’ai vu la dernière fois jouer mais pas de la même manière que nous ? »
Younes : « quand je joue avec les voitures, je ne les fais pas rouler, mais je tourne les roues en les regardant de tout près, je les fais tomber sans cesse… Je n’ai pas les mêmes codes que vous. Quand je regarde la télévision ou un paysage, je ne le vois pas comme toi, je vois surtout les détails, mais pas le tout.
Narrateur : « vous pouvez constater que les enfants autistes n’ont pas la même perception visuelle »
Élise : « et en règle général, qu’est-ce que tu manges ? »
Younes : « je suis quelqu’un qui mange toujours pareil, que des biscuits, que du blanc, cela fait partie de mes différences. Au fur et à mesure du temps, j’apprendrai à goûter d’autres choses à diversifier. »
Narrateur : « l’alimentation est un problème car il peut s’alimenter avec le même ingrédient, à titre d’exemple : les pâtes blanches. Et cela peut durer 6 mois, un an voire plus jusqu’à atteindre l’âge adulte.
Élise : « et là, es-tu content de nos échanges ? »
Younes : « je ne sais pas ce que cela veut dire content, triste, en colère. Je ne sais pas ce que les émotions comme toi tu les ressens.
Mois, il faut que je décode tout le temps tout ça, ce n’est pas automatique pour moi. Il faut que tu m’apprennes le sens des émotions avant que je puisse aussi les vivre, les partager avec toi. »
Narrateur : « un enfant autiste a des émotions mais ne sais pas les exprimer, il leur arrive d’être triste mais il sourit alors que ce n’est pas le contexte. »
Élise : « et qu’est-ce qu’on peut faire pour t’aider ? »
Younes : « je suis un peu comme une éponge à tes côtés, j’ai besoin que tu m’aides à me repérer, en me fixant des limites. Les repères stables qui m’aident à grandir plus harmonieusement.
Élise : « mais comment ? »
Younes : « j’ai besoin de savoir ce qui va se passer, d’anticiper, cela m’aide à comprendre mon quotidien. Je ne sais te demander, alors j’utilise ton bras comme objet pour avoir ce que je veux. Mais tu peux m’aider en utilisant des choses (un planning visuel, des photos,…) que je peux intégrer pour structurer l’espace et le temps ou essayer et savoir ainsi ce qui va se passer pour moi.
Si je fais bien, si je fais mal, dis le moi, montre le moi, même façon exagérée, car cela m’aide à mieux comprendre ce que tu veux me faire savoir. »
Narrateur : « voilà être autiste, c’est tout cela et aussi bien d’ autres choses, qui les handicape dans la vie de tous les jours même pour des choses simples. »
Un dernier mot Younes…
Younes : « Oui, tu peux m’aider en les repérant avec moi et en les inscrivant dessous si tu veux. Par contre, ne me juge pas mais comprends-moi et aide-moi. Mais il y a aussi plein de choses que l’on va faire ensemble pour m’aider à grandir, me (re)trouver, me rassurer. »