Le projet éducatif
« Pour entreprendre l’éducation d’un enfant atteint d’autisme : « il faut posséder une méthode qui tienne compte des anomalies physiologiques et psychologiques, une méthode pour qui pour chaque enfant part du connu et du possible, si bas qu’il soit dans l’échelle des fonctions, pour l’amener graduellement et sans lacune au connu et au possible de tout le monde. Il faut une méthode qui ne laisse rien au hasard et à la routine, il faut enfin une méthode positive » – Référence Édouard SEGUIN – 1843
Notre projet s’inscrit dans la philosophie du programme TEACCH, qui vise au travers d’une démarche éducative, et grâce à des aides concrètes et adaptées, à apaiser l’enfant autiste en lui permettant de mieux comprendre et mieux se faire comprendre dans son environnement familial et social. L’approche éducative ne nie pas les autres approches, elle est plus d’inspiration comportementaliste et systémique. Elle vise à réduire les effets néfastes de l’autisme sur la personne atteinte et sur son entourage. Elle ne prétend pas guérir l’autisme. Nous nous appuyons donc sur TEACCH, qui, s’il n’est pas appliqué à la lettre, constitue, notamment le matin, le support de notre travail auprès des jeunes atteints d’autisme. Ce programme régit l’organisation du temps et de l’espace, la mise en place et le contenu des apprentissages, l’autonomie de circulation, la mise en place de repères visuels, et de comportements. Il oblige l’équipe éducative à mettre en commun des compétences pratiques et intellectuelles quel que soit le niveau de qualification de ses membres, chacun apportant sa pierre à la construction du projet éducatif individuel du jeune atteint d’autisme.
La définition et l’aboutissement
d’objectifs généraux
- Une structuration du temps, de l’espace et un apprentissage adapté.
- Un support visuel constant élaboré à partir du recueil, du traitement et du conditionnement d’informations permettant la compréhension la plus simple du milieu, et des situations proposées aux jeunes atteints d’autisme.
- Un encadrement important pour l’accompagnement et l’individualisation de la prise en charge, ainsi que la sécurité des personnes accueillies.
- L’utilisation des résultats du PEP-R pour les apprentissages.
- L’apport des autres membres de l’équipe pluridisciplinaire pour la mise en œuvre du projet individualisé.
- Des relations parents/professionnels importantes (cahier de liaison).
Les apprentissages
Les demandes de prise en charge sont beaucoup plus nombreuses que de places disponibles en centre d’accueil spécialisé, et souvent les mères arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Outre ses places trop rares, on manque aussi d’auxiliaires de vie, et celles-ci ne sont pas formées pour s’occuper des enfants autistes. On fait de la garderie sans jamais les stimuler et en cas de crise, elles sont dépassées et ne savent comment réagir. Alors, les parents doivent se tourner vers des professionnels en libéral, ce qui présente un coût très important car chacun d’eux nécessite plusieurs séances par semaine avec différents spécialistes (neuropsychologue, psychomotricien, orthophoniste, ergothérapeute, éducateur etc.).
À la table en face à face
Comme son nom l’indique, l’éducateur fait face au jeune et lui propose des exercices susceptibles de développer ses compétences émergentes. Lorsque celles-ci sont acquises, elles sont travaillées par le jeune seul.
Aménagement structuré pour le travail en autonomie
Puis ses compétences émergentes, devenues acquisitions, déclinées sous toutes les formes possibles et dans tous les contextes, permettent d’obtenir :
La généralisation des acquis
Utilisation des acquis dans d’autres situations. Le développement du PECS : Ce système de communication par échange d’images permet de suppléer, ou d’augmenter, la communication des jeunes enfants ayant des troubles autistiques ou présentant un déficit de la communication sociale. Son utilisation ne nécessite pas de matériel compliqué ou d’apprentissage très technique.
Demander avec une image
Voir aussi l’article de Julie Tuil, orthophoniste et formatrice Pecs. (http://www.julietuil.com/fr/presentation-notre-histoire.html)
La socialisation
Compréhension des situations et du milieu extérieur, généralisation de cellesci. Les jeux collectifs, la circulation dans le milieu urbain, les grands magasins, la découverte d’activités extérieures.
La communication
Pour ce travail en autonomie, l’aide visuelle et la bonne acquisition du travail de face à face sont déterminantes quant à la compréhension des consignes, à leurs réalisations. Lorsque la tâche demandée est difficile, une aide physique de l’éducateur peut être dispensée pour démarrer l’exercice autonome. Interactions entre eux et avec les autres, développement du PECS, échange avec l’adulte.
L’intégration
En direction de l’école dans le cadre d’activités ludiques : cela peut revêtir la forme d’une participation d’un ou plusieurs jeunes aux cycles piscine ou cheval d’une école proche. En direction d’autres IME pour une découverte professionnelle : c’est permettre aux jeunes d’intégrer sur une demi-journée, une journée, plusieurs jours, voire une semaine, l’atelier d’un IME pour tester son comportement et ses capacités dans un milieu inconnu. En direction de structures en appartement similaires, pour des échanges de groupe à groupe : C’est se faire connaître et découvrir d’autres structures pour développer un réseau permettant des rencontres sportives, de loisirs, ou autres.
Pour l’autonomie de circulation
Le planning journalier
Un support visuel anticipant le déroulement de la matinée, voire de la journée, sur chaque planning des objets, des pictogrammes, ou des photos représentant la tâche à accomplir : dans l’ordre chronologique de passage décidé par l’équipe. Chaque moment est visualisé et trouve sa place sur le planning, permettant au jeune de circuler seul, d’avoir une vision claire des tâches à accomplir, d’appréhender d’un seul coup d’œil le contenu, le début et la fin de la matinée ou de la journée, chaque tâche visualisée disparaissant du planning quand elle est effectuée.
Pour l’autonomie quotidienne
L’aide visuelle, l’aide physique, le travail individuel
L’autonomie quotidienne est développée à travers les tâches habituelles de la journée : utilisation du planning, travail seul à la table, goûter, vaisselle, cuisine le jeudi, activités de loisirs à l’appartement, et dans le cadre des activités extérieures les courses dans les magasins.
Pour l’autonomie corporelle
Le travail d’apprentissage, l’aide visuelle et physique
L’autonomie corporelle est initiée dans le cadre d’activités transversales sous forme de jeux d’eau, dans les temps d’apprentissage avec la reconnaissance des différentes parties du corps et leurs localisations. L’aide physique est utilisée lors des bains ou des douches, à l’appartement ou à la piscine, pour se laver seul. Une systématisation de l’utilisation des toilettes dans le temps, peut se révéler nécessaire pour l’acquisition de la propreté de certains jeunes.
Pour le partenariat avec les familles
Le travail d’apprentissage, l’aide visuelle et physique
Travail autour du projet individuel : rencontre avec les familles pour évoquer le projet individuel, réflexion et échanges sur les axes de travail proposés par l’équipe pluridisciplinaire. Les familles prennent connaissance du projet individuel de leur enfant pour l’année en cours, et ratifient celui-ci si le projet leur convient.
Généralisation des acquis : lorsque des apprentissages sont considérés comme acquis, il est important de les généraliser à la maison pour les consolider de façon durable et quel que soit le contexte.
Rencontres informelles : les familles peuvent nous téléphoner ou nous rencontrer chaque fois qu’elles le désirent dans la mesure de nos possibilités.
Informations à travers le cahier de liaison : un cahier de liaison dans le cartable de l’enfant permet à l’équipe éducative, comme à la famille, de noter les évènements importants ou utiles pour le jeune.
Utilisation d’un cahier de communication : Pour ce faire, il nous paraît important de mettre en place des cahiers de communication avec images ou pictogrammes, que l’enfant emmènera avec lui et utilisera dans ses différents lieux de vie, en priorité famille, institution mais pourquoi pas dans d’autres lieux (famille plus éloignée, magasin, etc…).
Notre idée est de l’intensifier, et si les parents le souhaitent, est d’aller à leur domicile pour voir avec eux quelles sont les difficultés dans la prise en charge de leur enfant au quotidien, et quelles sont les ressources qu’ils utilisent pour palier à ces mêmes difficultés.
Il ne s’agit pas de dire aux parents ce qu’ils doivent faire mais d’élaborer conjointement avec eux des stratégies, et développer des moyens concrets pour aider à la prise en charge de leur enfant, surtout l’aider à mieux se repérer.